La cité des Coutures

Avenues Locarno, des Coutures, Jean-Gagnant, rue Adrien Pressemane, rue Séverine

 L’Office Public d’Habitation de la ville de Paris, créé en 1914, sert de modèle à la constitution de nombreux offices municipaux ou départementaux qui se généralisent au lendemain de la Première Guerre mondiale.
 
A Limoges, l’Office Public des Habitations à Bon Marché (OPHBM) naît en 1919. Il doit remédier à l’état déplorable du logement des catégories populaires en cette période d’entre deux- guerres. La municipalité socialiste engage un important programme de construction, à l’instar de nombreuses communes de gauche en France. De 1924 à 1956, l’O.P.H.B.M. livre 1 800 logements, sur huit sites différents. La cité-jardin de Beaublanc, construite par Roger Gonthier, en est le premier exemple.
 
La cité des Coutures est réalisée entre 1925 et 1932 (540 logements) en deux tranches successives auxquelles s’ajoute ensuite une dernière tranche en 1955 (75 logements supplémentaires), ce qui porte le total des logements à 615.
On compte alors 28 immeubles de quatre étages comprenant chacun 6 ou 8 logements.
 
Les premiers locataires prennent possession des lieux le 29 juin 1929. La cité est élevée dans le quartier de la nouvelle gare des Bénédictins et, dès l’origine, est en grande partie habitée par des cheminots du Paris-Orléans, les autres étant souvent ouvriers de la porcelaine ou de la chaussure.

 

 

L’édifice.

Le terrain étant moins étendu que celui de la cité-jardin de Beaublanc, l’architecte Roger Gonthier a privilégié une construction d’immeubles en briques, tous alignés en bordure de limite cadastrale sur la rue. A l’opposé, les trente-trois immeubles possèdent, sur cour, des décrochements pour éviter une trop grande monotonie architecturale.
 
Cet espace intercalaire est occupé par des jardins. L’emploi de la brique permet un jeu sur la polychromie (opposition entre une brique rouge pour le rez-de-chaussée et une brique plus jaune pour les étages), sur les formes (disposition des briques en denticules, en dents de scie, à plat ou en long ; frises très géométrisées au-dessus du rez-de-chaussée et au niveau du cinquième étage). Les portes d’accès aux immeubles, surmontées d’une importante imposte vitrée, sont surhaussées par un appui en béton dont les moulures sont à réglet. Les appuis et linteau des baies sont en béton.
 
Le rez-de-chaussée était destiné à abriter une vingtaine de boutiques. Les quelques portails d’accès à la cour intérieure sont délimités de chaque côté par un groupement de quatre colonnes en béton blanc à tailloir plat.
 
La cité fut édifiée à la demande de la municipalité (Léon Betoulle) par Roger Gonthier pour apporter un habitat décent à une époque où le taudis était légion. Elle fut conçue comme un quartier se suffisant à lui-même et agencée pour favoriser la vie en communauté, avec ses nombreuses courettes, ses communs communicants, son « jardin général, un lavoir et des bains-douches (sous la rampe de la gare) et des commerces en rez-de chaussée (une vingtaine prévue).

 

Ce premier ensemble collectif était pourvu d’éléments de confort qui s’apparentaient au luxe pour les gens modestes de cette époque : l’eau courante, le gaz, des poêles émaillés, des toilettes, la sonnette électrique (en option), un lavoir et des bains-douches, un foyer philanthropique, un équipement collectif achevé en 1931.
Des conditions d’existence qui confèrent aux « Couturiens » un certain prestige à l’époque par rapport aux Ponticauds, moins bien lotis et aux miséreux hébergés dans la caserne désaffectée des Bénédictins.
C’était aussi le terrain de toutes les solidarités, notamment au plus fort de la crise économique des années 1930 : l’Union (la Coop) distribuait des tickets de cinéma, la boucherie coopérative tuait le bœuf gras des chômeurs pour le carnaval… Tout le monde aux Coutures était coopérateur.

 

A deux pas du faubourg des Casseaux, le remblai servait de terrain de jeux aux enfants qui affrontaient ceux des « Ponts ».
La proximité de ce quartier ouvrier avec celui de la bonne société a valu de virulentes attaques à la municipalité socialiste des années 1920 de la part de la Haute-Société Limougeaude.
Les réalisations postérieures de cités populaires à partir de 1936 (année du Front populaire) : cités Casimir-Ranson, Léon-Bétoulle, Ernest Ruben, Victor Thuillat… s’inspirent des Coutures mais on abandonné la brique au profit du béton moins élégant.
L’avenue Locarno qui borde la Cité des Coutures a pris le nom de la ville Suisse des Accords de Locarno, pactes de non-agression signés en 1925 par la France, l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, la Grande-Bretagne, la Pologne et la Tchécoslovaquie, en vue du maintien de la Paix, et qui furent violés par Hitler en 1936.
 

Actualité.

En 2000, la ville de Limoges a mis en place un programme de réhabilitation de la cité des Coutures. Il s’agissait de rénover des logements vieillis : ravalement des façades en briques en conservant les teintes et les éléments de décor d’origine, conservation des persiennes métalliques et des cages d’escaliers, création de cages d’escaliers de secours extérieures. Il est alors décidé de la démolition de deux immeubles de la cité, rue Adrien-Pressemane, côté pair, afin de donner plus de lumière et d’air aux logements d’une unité de vie destinée aux personnes âgées.
 
L’utilisation de la brique ornementale en façade, avec motifs géométriques et frises, en fait un habitat identifié et apprécié du public.
Cette cité abrite actuellement 500 logements.
L’édifice est labellisé Patrimoine du XXe siècle par arrêté du 25 mars 2002.
 
Les Coutures sont un lieu de mémoire ouvrière, où dignité, forte identité et sociabilité sont les maîtres-mots.

 

Des sites à consulter :

 https://www.limousin.culture.gouv.fr/IMG/pdf/pat_20_cite_coutures.pdf

 

https://citedescoutures.canalblog.com/albums/cite_des_coutures/index.html


Photo Gallery: La cité des Coutures

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